Ma première fois

J'les aient trouvé en larmes. Lui étendu dans son lit d'hôpital, plus blanc que les draps. Elle, assise bien droite sur la chaise, les yeux rouges. Il se savait atteint d'un cancer de la vessie depuis septembre dernier. Le doc venait de leur annoncer son pronostic. 1, 2 mois, tout au plus.

- il n'a jamais été malade, qu'elle me dit avec des sanglots dans la voix.

C'est comme cela le cancer. C'est sournois. Il attaque n'importe qui. Même le bon monde, les gens gentils.

Bien sûr, on nous prépare dans nos cours, à affronter la mort. À être capable d'accompagner les gens. On nous apprends quoi dire aux gens qui se savent condamner. C'est bien beau la théorie. Moi qui, avouons-le, aime avoir le dernier mot, j'me suis trouvé bouche bée.

J'me suis assise sur le lit, lui ait pris l'autre main et je lui ait dit de pleurer. De pleurer tout ce qu'il pouvait pleurer. Nous sommes rester ainsi un bon 10 minutes. C'est vite passé 10 minutes, mais tellement long quand on pleure sa vie.

Bien humblement, j'me suis trouvé hot. J'ai résisté, pendant ces 10 minutes, à l'émotion qui menaçait de m'envahir. Quand il m'a dit ne pas vouloir souffrir, j'ai été en mesure de le rassurer, de lui dire que l'on se chargerait de le soulager...Le tout sans m'effondrer.

Jusqu'à c'que je sorte de la chambre.